Mon cher Emeric

Je crois que Nico et moi avons quelques leçons à prendre auprès de toi.

Parce que toi, tu es marié à une Lady, une vraie de vraie, une Chaudron de Courcelles qui connaît personnellement notre ancien Président de la République.

ET que toi, mon cher Emeric, tu as invité ledit président à ton mariage.

ET que toi, en toutes circonstances, que ce soit pique-niques, déménagements, lendemains de mariage, tu as la classe (bon, je passerai sous silence la fin de soirée du mariage de Stan et Florence, pendant laquelle tu volais tous les petits fours et en enfournais le plus possible dans ta bouche, tout en continuant à sourire, parce que dans ta classe naturelle, tu souris toujours!).

Bref, Emeric, tu serais pas fier de nous : on est allés à la soirée du 14 juillet en jean!

Ben oui, je sais, ça craint. Surtout qu'on s'est vraiment sentis mal à l'aise dès le début (enfin surtout moi, parce que Nico, lui, il s'était même pas rendu compte qu'il était le seul sans veste de costard) : j'ai vu de loin les robes fourreau, les saris, les paillettes et les chaussures à talons.

Alors moi tu sais, les robes et les talons de 9cm, j'adoooore ça.

Mais là, le problème, c'est que ma copine Marie-Laure, qui connaît super bien l'Instittut Français (c'est là où se déroulait la soirée), elle m'a dit que ça caillait sévère le soir, et qu'il fallait prendre la polaire si on voulait pas attraper la grippe, parce qu'en ce moment, paraît que c'est l'épidémie de grippe à Maurice. 

Nous, avec Nico, on s'est dit 'Ouais, Marie-Maure, elle aurait pas un petit côté marseillais parfois?'. Et là, qu'entend-on à la radio? Message du ministère de la santé mauricien : 'c'est l'hiver, les températures chutent. Pour éviter tout risque de grippe, couvrez vous chaudement, et consultez votre médecin aux 1ers éternuements'.

Alors là avec Nico, on a commencé à flipper. Au début, on se moquait bien des enfants qui portaient des bonnets sous 25°; mais là, vraiment, on s'est mis en quête d'une polaire pour la soirée du 14 juillet. Malheureusement, l'hiver étant déjà bien avancé, c'était rupture de stock!

Du coup, moi, j'ai mis un maximum d'épaisseurs : débardeur, chemise, pull, blouson en cuir, et écharpe. Avec mon jean (un des seuls pantalons longs que j'aie pris à Maurice); et quand même, des petits escarpins avec des mi-bas.

En une phrase, je pense bien que le 14 juillet, avec Nico, nous étions le couple le moins élégant de la soirée! Pour sûr on a été repérés comme des nouveaux venus, ça, il n'y a pas de doute!

Après, on a dû se faire tout discrets : je comptais bien m'enfiler quelques coupettes de champagne et plein de toasts au foie gras; mais compte tenu des non points déjà marqués avec notre tenue vestimentaire, j'ai préféré éviter!

N'en pouvant plus d'affronter les regards, il a bien fallu que je trouve une excuse. Alors, à tous ceux avec qui j'ai discuté pendant la soirée, j'ai crié haut et fort que mon patriotisme français m'incitait vivement à soutenir notre président dans cette période de crise, et que j'avais décidé, par empathie pour Nicolas Sakorzy et au regard de l'annulation de la Garden Party, de ralentir mon train de vie en rejetant toute attitude bling bling, ainsi que toute mise fastueuse!

Bon, je ne sais pas qui l'a gobée celle-là, mais je ne suis pas peu fière de ma pirouette...

Toujours est-il que ça m'a quand même mise vraiment mal d'aller au 14 juillet en habit de lycéenne. Du coup, le lendemain, je suis allée dévaliser le so trendy magazin Obann qui est juste à côté de chez nous!

Tu verrais Emeric, avec mes habits de lumière, je serais digne d'avoir la particule!

Par contre, pour Nico, c'est pas gagné... alors si tu poouvais le coacher un peu, voire même lui envoyer quelques unes des chemises à carreaux que tu ne mets plus, tu serais vraiment un copain comme on n'en fait plus!

Pour le Chronopost, dis moi combien je te dois! Prends un super Express, comme ça, on aura peut être des chemises et des polos pour le 15 Août!

Je t'embrasse ainsi que ta petite famille,

Fleur