Ma chère Danouche

Les fêtes de Noël approchant à grands pas, je me suis dit que tu devais être en pleine effervescence pour l'organisation de la cérémonie... et du jardin. Parce que chaque année, je sais que tu te mets de nouveaux défis avec les décorations de jardins, les lumières, les pères Noël qui descendent du toit et la crèche à taille humaine dans le jardin. Alors je ne voudrais pas te décourager, mais juste te donner quelques idées qui viennent tout droit de Maurice; parce que nous, il y a quelques jours, nous avons assisté à un événement important dans la vie des Mauriciens : Divali, la fête de la lumière.

Alors autant te dire qu'ici, Divali, c'est super important. Même peut-être plus important que Noël, vu que Divali, c'est une fête indienne, et des Indiens à Maurice, ça représente 70% de la population!

Alors en fait, Divali, c'est comme Noël. J'avais déjà pressenti un truc en allant au Super U, parce qu'ils avaient disposé des guirlandes devant chaque tête de rayon, ainsi que des petits pots de terre avec des mèches (ça c'est pour le faire à l'ancienne avec l'huile et tout et tout).

Et là, au Super U, c'était la ruée vers les guirlandes et les pots. Et je me suis dit que Divali, ça allait être canon.

Et ben on n'a pas été déçu : à Grand Baie déjà, c'était concours de maison la mieux illuminée. Devantures scintillantes, recouvertes de guirlandes jaunes et bleues.
Mais le clou du spectacle, c'est à Triolet. Alors vendredi soir, 19h, avec Nico, on fait cap vers Triolet, à 15 mn de la maison (en cas de trafic fluide, ce qui arrive rarement), pour apprécier cette fête traditionnelle dans une ville authentique de Maurice.

Et là : je suis subjuguée. Et vas y que le portrait 4*3 du Président, M. l'honorable vénéré Sir R. apparaît, tel un saint, entouré de lumières. Toute la ville est féerique. Pour l'occasion, les gens ouvrent la porte de leur maison (parfois, on croyait que c'était des immeubles, mais non, ce sont juste les maisons mauriciennes à 4 étages qui hébergent le père, la mère, la grand-mère, l'oncle, la tante, la cousine....), chantent dans des micros qui retransmettent à 50 mètres à la ronde l'espèce de râle lancinant émis par le patriarche de la famille, tandis que les enfants parés de leurs plus beaux vêtements brillants font brûler dans leurs mains les petits cierges d'anniversaire.

Tout n'est que splendeur, émerveillement... on est tellement pris dans cette ambiance que nous acceptons chaque offrande, à savoir de délicieux gâteaux très sucrés qu'on vous offre tous les 2 mètres. De la générosité en barre : à peine as tu ingurgité ton espèce de gros loukoum que déjà, on t'en présente un autre sous le nez. Tu n'as plus faim? C'est pas grave, mange quand même, c'est bon pour la santé! Bon, au fur et à mesure que tu manges tes succulentes pâtisseries, tu te dis que ce n'est pas bien raisonnable, et tu repenses aux ravages de l'alimentation dans la population mauricienne (qui compte quand même 60% de diabétiques et presque autant d'obèses).

Et là tu te dis : stop les gâteaux. Mais en fait, tu n'as pas d'autres choix que de les prendre. Donc tu les prends, tu dis merci, tu les donnes à Nico, qui les jette par terre dès lors qu'il s'engouffre dans la prochaine ruelle!

Et voilà comment, comme à Noël, on a eu une crise de foie pour Divali. On est rentrés à la maison pas très bien, mais heureux quand même de constater la bienveillance des Mauriciens à notre égard (parce que oui, malheureusement, on n'est pas encore trop pris pour des locaux). Enfin ce que nous avons pris pour de la bienveillance : j'ai appris après que plus ils distribuent de gâteaux, plus la déesse de l'argent sera généreuse avec eux!

Donc en gros : la crise de foie des uns fait la richesse des autres.

Alors autant te dire que nous, à Noël, c'est diète (parce qu'on est quand même en maillot de bain tous les deux jours). Par contre pour les lumières, il va falloir que tu mettes le paquet pour nous impressionner!

Alors je te souhaite plein de courage pour la déco, et j'ai bien hâte de voir les mille et une lumières qui éclaireront le jardin cette année, et feront élire papa 'meilleur médecin de l'année pour l'animation de son cabinet'!

Je t'embrasse et te dis à bientôt,

Fleur

PS : Au fait, comme on est vachement habitué à vivre au milieu des animaux (nos voisins indiens ont des paons et des vaches dans leur jardin, ça porte bonheur), j'aimerais beaucoup avoir une crèche vivante dans le jardin cette année. Tu crois que c'est possible?

PS2 : je t'ai mis des photos pour que tu puisses t'inspirer!!